Guerre d'héritage Chez les Muna : Les avocats d'Akere Muna mis en difficulté au Tribunal
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Entre trafic d’influence, délation et dilatoire, leur argumentaire bat de l’aile. Leur exception de prescription a été rejetée par le collège des juges au cours de l’audience du 10 juillet 2018 au TPI de Yaoundé. La défense a perdu des points.

Mardi 10 juillet 2018. Tribunal de première instance de Yaoundé centre administratif. Après les deux premières audiences, Ama Tutu Muna et son frère Akere Tabeng Muna se sont affrontés, une nouvelle fois, l’ancienne ministre des Arts et de la Culture accusant le président du Mouvement NOW de « déclarations mensongères, dissimulation de procédure, faux et usage de faux en écriture privée ou de commerce » dans le cadre de la gestion de l’héritage du feu Salomon Tandeng Muna , ancien Premier ministre et ancien président de l’Assemblée Nationale.

Au grand étonnement du public, très nombreux dans une salle d’audience sans doute trop exiguë pour un dossier simplement familial au départ mais curieusement politisé par Akere Muna, 50 avocats auxquels se sont ajoutés 4 bâtonniers ont été constitués pour la défense d’Akere Tabeng Muna. En face, 4 avocats, sous la conduite de Me Dr Fostine Chébou Kamdem Fotso, ont été constitués pour les intérêts d’Ama Tutu Muna.

Dilatoire

Au cours de l’audience du mardi 26 juin 2018, les avocats d’Akere Muna , face aux pièces compromettantes présentées au collège des juges par les avocats d’Ama Tutu Muna , avaient préféré le dilatoire, faute d’arguments à faire valoir sur le fond. Aussi, avaient-ils subitement sollicité une fin de non-recevoir de la citation directe d’Ama Tutu Muna qu’ils disaient être tirée de l’extinction de l’action publique du fait de la prescription des faits reprochés à leur client. L'information claire et nette. Les avocats d’Akere Muna estimaient en effet que seize ans après sa signature par les ayants-droit, le Procès-verbal du Conseil de famille du 9 juillet 2002 réglant la succession du feu Salomon Tandeng Muna ne pouvait plus être remis en question car le délai de prescription dans ce type d’affaires est de trois ans. En conséquence, ils avaient demandé au Tribunal de déclarer la plainte d’Ama Tutu Muna irrecevable.

Exception de prescription rejetée

Le 10 juillet dernier, leur exception de prescription a été carrément balayée par le collège des juges. Et sur ce plan, les avocats d’Ama Tutu Muna sont persuadés d’avoir marqué des points. Les juges n’ayant pas cédé face à cette énième tentative de manipulation du tribunal par les avocats de la défense, ils ont recentré les débats. Ainsi, après avoir examiné les questions de forme, notamment celles relatives à la recevabilité de la plainte d’Ama Tutu Muna, ils ont décidé d’aborder l’affaire Ama Tutu Muna contre Akere Muna au fond. La plaignante, Ama Tutu Muna , a enfin été entendue. Moment de grande émotion dans la salle d’audience. Le Ministère public, conduit par Ngo Samuel, avait en effet insisté, dans ses réquisitions, pour que la partie civile, qui est son premier témoin, dépose, l’objectif étant que tous soient fixés sur le point de départ des infractions.  

Vive émotion

Naturellement, Ama Tutu Muna a exposé. Et le collège des juges conduit par Joël Albert Bias a sensiblement été touché par la pertinence de son intervention. Morceaux choisis : « Depuis le décès de notre père, c'est Me Akere Muna qui gère tout. C'est d'ailleurs lui qui a écrit le courrier de 2002 qu'on m'attribue curieusement. Celui adressé à Afriland Bank car c'est lui qui négociait tout auprès de ladite banque. Je n'ai jamais touché 5 FCFA provenant de cette banque depuis le décès de notre père. Du vivant de notre père, il avait placé un titre foncier auprès de cette banque afin de me permettre d'obtenir des découverts pour mes affaires, d'autant plus que j'avais tout abandonné au Sénégal pour demeurer à ses côtés, pendant près de cinq ans, ma maman étant décédée longtemps avant… M. le Président, Me Akere récupérait sans cesse ma carte nationale d’identité et sans explication aucune, me mettait la pression de signer sur moult documents et même sur papier vierge parfois. En toute confiance, je le faisais, ignorant que mon frère pouvait en abuser un jour… »

Persécution

Pendant la cross examination conduite par les avocats de la défense, Ama Tutu Muna a répondu à toutes les questions, y compris les plus pertinentes. Cependant, il est important de le relever, la plaignante a refusé de répondre aux questions visant à l'humilier et à diffamer des personnalités n'ayant rien à voir dans cette affaire de famille. Comment pouvait-il d’ailleurs en être autrement, les avocats d’Akere Muna s’étant négativement illustrés, depuis l’ouverture de ce procès, par des manoeuvres peu orthodoxes et un acharnement délibéré contre Ama Tutu Muna. Au cours de cette audience, le camp Ama Tutu Muna a manifestement dominé les débats qui sont ainsi allés au fond sans bruit. La cause a été renvoyée au 14 août 2018 pour le réquisitoire intermédiaire du Ministère public.

Auparavant, le collège des juges devra prêter une attention particulière à l'expertise graphologique réclamée par Ama Tutu Muna. De ce fameux procès-verbal au centre de l’affaire, il transpire diverses manoeuvres frauduleuses qui tendent à entretenir le flou dans la gestion des biens de feu Salomon Tandeng Muna . La signature d’Ama Tutu Muna a par exemple été imitée ; certains noms des ayants-droit sont mal écrits ; ce procès-verbal n’a curieusement pas la signature de deux ayants-droit, Walinjom Muna et Georges Muna notamment ; plus grave, le cachet de la compagnie de gendarmerie, qui figure sur ce procès-verbal, a également été fabriqué de toute pièce car la compagnie de gendarmerie de Douala ville n’a jamais existé. Chose encore plus curieuse, ce procès-verbal, qui a reçu la certification matérielle de la compagnie de gendarmerie de Douala ville ne porte pas le nom du commandant de ladite compagnie. Les avocats d’Ama Tutu Muna ont demandé une expertise graphologique de la signature d’Ama Tutu Muna qui a été imitée, ainsi que du cachet « fabriqué » de la gendarmerie.  

Trafic d’influence

Au cours de l’audience du mardi 10 juillet 2018, alors que Me Fostine Chébou Kamdem Fotso examine in chief sa cliente, elle produit une lettre qu’elle avait adressée au bâtonnier de l’Ordre des avocats du Cameroun pour solliciter son autorisation avant de se constituer dans un dossier pénal contre son confrère Me Akere Muna. Contre toute attente, Me Tchakounte Patié, l’un des multiples avocats de la défense qui est manifestement en mal d’affirmation depuis quelques années, se lève, se présente comme membre du conseil de l'Ordre du barreau, objecte et intime l'ordre menaçant à Me Fotso de retirer immédiatement ce document, motif pris de ce que la loi organique des avocats interdit de publier des échanges entre avocats.

Me Tchakounte Patié, qui a sans doute une conception de la loi organique des avocats qui est différente de celle de Me Fostine Chébou Kamdem Fotso, a oublié que la correspondance brandie par sa consoeur est purement administrative. En perdant son sang-froid et en choisissant de verser dans l’insulte et la gesticulation pour se faire bonne conscience à bon compte face à la manifestation de la vérité, Me Tchakounte Patié, qui est aux abois depuis qu’il a perdu l’élection au poste de bâtonnier, étale au grand jour les méthodes d’intimidation et de roublardise utilisées par les avocats de la défense pour défendre Akere Tabeng Muna  dans l’affaire de « déclarations mensongères, dissimulation de procédure, faux et usage de faux en écriture privée ou de commerce » qui l’oppose à Ama Tutu Muna . Quelle ignominie ! Comme il fallait s’y attendre, le tribunal a désavoué Me TChakounté Patié dans sa démarche. Le président du tribunal, après avis du Ministère public, a admis la pièce querellée au dossier. Non sans préciser à Me Tchakounté Patie que le Tribunal n’est pas l’Ordre des avocats.

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