Cameroun: Boulimie financière: Le préfet de la Vallée du Ntem, un danger pour le commandement?
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En quête de prébendes illégales, Quetong Anderson Kongueh fait sceller les services de la brigade des contrôles et de la répression des fraudes du Mincommerce de Kye-Ossi pour avoir mené une lutte farouche contre la contrebande.

Rien ne va plus entre le préfet de la Vallée du Ntem et les services déconcentrés sous son commandement, malgré le travail impressionnant qu’ils abattent. Par correspondance N° 70/L/L12/SP du 19 avril dernier, ayant pour objet : «mission de sceller et d’amener certaines marchandises saisies à Kye-Ossi par le chef de brigade de contrôle et de la répression de fraude de Kye-Ossi», l’Administrateur civil principal a enjoint le délégué départemental du commerce de la Vallée du Ntem à Ambam « d’apposer les scellés dans toutes les structures de contrôle dudit service dans ladite ville » et de « ramener tous les produits saisis à la délégation départementale du Commerce de la Vallée du Ntem à Ambam et inviter l’intéressé à me rencontrer de toute urgence pour les raisons de la cause». Une injonction qui a suscité de l’indignation et de l’incompréhension dans l’arrondissement frontalier de Kye-Ossi. Nommé par Décret présidentiel N°2017/343 du 03 Juillet 2017, Quetong Handerson Kongeh, administrateur civil principal, après un tour controversé comme préfet du département du Kupe-Muanenguba, réputé pour ses goûts prononcés pour l’argent, constitue désormais un danger pour la préfectorale dans cette partie du territoire. Et pour cause!

Levée de boucliers

Au cœur de cette boulimie financière du patron de la préfectorale de la vallée du Ntem, les exploits du chef de la brigade des contrôles et de la répression des fraudes, de concert avec le sous-préfet de Kye Ossi, Avom Dang.

Selon nos enquêtes, en date du 10 avril dernier, dans le cadre de ses missions traditionnelles de surveillance des marchés, sur haute instruction du chef de terre de la localité, le chef de la brigade des contrôles et de la répression des fraudes de l’arrondissement de Kye-Ossi, Zeh Menguette Pierre D., contrôleur des prix, poids et mesures assermenté, au terme de quelques renseignements, a mis la main sur une cargaison de produits impropres à la consommation et vendus, de façon frauduleuse, dans les marchés camerounais notamment au marché frontalier de Kye-Ossi, entre la Guinée Équatoriale et le Gabon. Lors de cette mission, assez heurtée, en compagnie des éléments de maintien de l’ordre mis à sa disposition, sur ordre du Sous-préfet, par le commissaire de la sécurité publique de Kye-Ossi, il a constaté la détention et la mise en vente des produits prohibés notamment des huiles végétales non fortifiées en vitamine A, des sardines à huile 525 ainsi que des pâtes alimentaires impropres à la consommation. Une importante trouvaille matérialisée par le procès-verbal N° 03/02/PV/MINCOMMERCE/SG/DRS/DDVN/BACRF-KO du 11 avril dernier.

Selon le procès-verbal de saisie N°02/02 /PV/MINCOMMERCE/SG/DRS/DDVN/BACRF-KO du 10 avril dernier, une importante quantité de marchandise a été saisie dans les établissements ADAM Barka, appartenant à un certain Adam Barka, qui opère dans le commerce général sis à côté de l’ancien local de Congelcam à Kye-Ossi. C’est ainsi que Zeh Menguette en compagnie des policiers, ont saisi 35 bidons de 20 l d’huiles végétales Jersey, 02 bidons de 5l de la même huile, 08 cartons de 20 litres d’huiles végétales Avena, 31 cartons de 01l d’huiles végétale Jersey, 48 cartons de sardines à huile 525 et 02 cartons de spaghetti Bevak. Il s’agit clairement des huiles végétales non fortifiées en vitamine A, non conformes à la norme et interdites de vente et de consommation au Cameroun. Pour ce qui est des sardines et des spaghettis, il s’agit des produits non certifiés par la norme camerounaise et donc impropres à la consommation.

Selon les fiches techniques n°3/02 que nous avons pu consulter, cette mise en vente des produits prohibés est réprimée fortement par l’article 91(2) de la loi N°2015/018 du 21 décembre 2015 régissant l'activité commerciale au Cameroun. Pour ce qui est des pénalités, le législateur a prévu des amendes correspondant à 10% du chiffre d’affaires annuelles réalisées, avec un minimum de perception de 100 000 Fcfa, et en cas de non présentation des documents comptables comme cela a été le cas avec le commerçant mis en cause, une amende forfaitaire de 1 245 000 Fcfa est imposée au contrevenant. Une somme que le chef de brigade a exigé avec une fiche de recette, au patron des établissements ADAM Barka de verser au trésor public. Tout en exigeant la destruction immédiate des produits saisis conformément à la loi.

C’est alors que dans une correspondance N°026/MAD/DGSN/SG/DRGN-S/CSP/KO du 10 avril dernier adressée au Délégué du commerce de l’arrondissement de Kye-Ossi, le commissaire de la sécurité publique a mis à sa disposition l’ensemble des marchandises saisies. Toutefois, dans la note N°03/02 /N/MINCOMMERCE/SG/DRS/DDVN/BACRF-KO du 11 avril 2018, le chef de la brigade des contrôles et de la répression des fraudes a rendu compte au sous-préfet des opérations de saisies des produits prohibés tout en recommandant que les «produits saisis soient détruits immédiatement conformément à l’article 92 de la loi de 2015 régissant l’activité commerciale au Cameroun ».

Haute trahison

Non content de la fermeté du responsable local du ministère du Commerce et de l’autorité administrative de Kye-Ossi, le mis en cause, ainsi que d’autres commerçants, se sont rués au service du préfet à Ambam, réputé pour son goût prononcé pour l’argent. Son plan inavoué vise donc la rétrocession de la marchandise au commerçant moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes. C’est alors que le Préfet Quetong Anderson Kongueh a décidé de mettre en danger la santé des camerounais trahissant, par le fait, la haute confiance du chef de l’Etat. Du coup, le travail de fourmi abattu par le sous-préfet Avom Dang depuis sa nomination par Décret 2017/239 du 22 mai 2017 et qui a déjà stabilité la contrebande au niveau des frontières risque de connaitre un sérieux coup d’arrêt. On a souvenance que c’est grâce à cet administrateur que 50 cartons de porcs congelés, en provenance de la Guinée Équatoriale et à destination de Yaoundé, ont été saisis au cours de l’Opération Halte au commerce illicite (Opération Halcomi) qui s’est déroulée à Kyé-Ossi, dans la région du Sud, le 17 septembre dernier. Ils ont été détruits par incinération car jugés impropres à la consommation humaine par les services vétérinaires et sanitaires.

Le secteur des huiles végétales raffinées est miné, entre autres, par la commercialisation d’innombrables produits de ce type issus de la contrebande. La filière oléagineuse connait des temps difficiles au Cameroun. «Cette situation pourrait, à très court terme, si rien n’est fait, pousser certaines entreprises (huileries et raffineries) à mettre des employés en chômage technique », explique le secrétaire général de l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), Jaquis Tchabgou Kemleu. Pour lui, « lorsque les intérêts financiers sont importants, on a l’impression que les vies humaines ne comptent plus parce qu’on doit justifier ce qu’on a perçu ou qu’on doit justifier l’injustifiable comme c’est actuellement le cas avec cet administrateur véreux ».

En plus, lesdits produits sont souvent constitués d’huile « d’une acidité élevée » ou « vieillie », impropre à la consommation, susceptible de transmettre des maladies. Selon les spécialistes, les populations en se ruant vers cette huile jugée dangereuse courent le risque d’être atteintes de cancer, de problèmes cardiaques, de diabète, de stérilité et bien d’autres, mettant ainsi en péril leur santé. Surtout que la norme NC 77 relative à l’étiquetage des denrées alimentaires préemballées au Cameroun, qui permet au consommateur d’être renseigné sur l’origine d’un produit, sa nature, ses dates de fabrication et de péremption, son mode d’utilisation.

En dehors d’une contribution illégale d’au moins 50 000 Fcfa qu’il exige chaque mois à chacun des quatre sous-préfets de son ressort territorial (Ambam, Kyé Ossi, Ma'an et Olamzé), sous peine de représailles et de mauvais rapports à leur encontre, il est déterminé à sacrifier les services de l’Etat pour se faire de l’argent

Quel crédit peut-on encore accorder au Préfet de la Vallée du Ntem ? C’est dire qu’avec une telle faute lourde, le processus de normalisation, en vue de la modernisation de l’économie camerounaise, mis en œuvre depuis 2011, va connaitre un coup d’arrêt si les autorités de Yaoundé ne mettent un terme immédiatement une pareille complaisance et une telle forfaiture. C’est dire que la faute est trop lourde pour rester impunie. Et la dangerosité du Préfet QUETONG Anderson KONGET est liée au fait qu'il est en problème avec tous les Délégués départementaux, toutes les FMO, tous les 4 sous-préfets de son ressort territorial (Ambam, Kyé Ossi, Ma'an et Olamzé). On se souvient du cas de celui de Kye-ossi à qui il demande un tribut hebdomadaire de 50 000 Fcfa pour qu'il laisse ce dernier tranquille. D'ailleurs son goût très prononcé pour le CFA, l'a amené à exiger 500 000 Fcfa à chaque commerçant qui voulait faire des achats en Guinée Équatoriale. Qu'attend le Chef de l'État pour l'envoyer se reposer, étant donné qu'il est déjà retraité ? Surtout que la rallonge sollicitée lui a été refusée. Veut-on qu'il prépare d'abord de fausses correspondances de relève, contre certains Sous-préfets, comme d'habitude? Est-il normal qu'un Chef soit en problème avec tout le monde?

 

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