Cameroun, Livre d'Enoh Meyomesse: Les grandes étapes de la marche vers l'indépendance
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Cameroun, Livre d'Enoh Meyomesse: Les grandes étapes de la marche vers l'indépendance :: CAMEROON

La marche du Cameroun vers son indépendance proclamée le vendredi 1er janvier 1960, a commencé dès la fin de la seconde guerre mondiale, à savoir, en 1945. Ce conflit planétaire, auquel ont été enrôlés des combattants camerounais, a eu comme conséquence une redéfinition des rapports entre peuples colonisés d’Afrique, notamment, et peuples colonisateurs d’Europe.

Bien que le Cameroun ne fût pas un pays colonial conformément à son statut de territoire international sous mandat « B » de la Société des Nations depuis la fin de la première guerre mondiale, il était

néanmoins régi par le Ministère des Colonies, dans le cas de la France, au même titre que tous les autres territoires coloniaux français d’Afrique noire, et le Secretary of State for the Colonies, dans le cas de la Grande-Bretagne. Il appartenait à l’Empire colonial français, pour sa partie sous administration française, et à l’empire colonial britannique, pour sa partie sous administration britannique. Sa population était soumise au « Code de l’Indigénat », dans sa partie française, et à régime similaire dans sa partie britannique. Celui-ci était un ensemble de règles édictées pour maintenir la domination des Blancs sur les colonisés. Il consistait à une privation totale de liberté pour ceux-ci et à leur enrôlement aux travaux forcés et aux corvées de portage. Ils ne disposaient pas ainsi du droit d’aller et venir, du droit de vote, du droit d’association, de la liberté de presse et d’expression, de réunion, etc. Les délits liés à ce « Code », étaient passibles de peines d’emprisonnement ou de déportation.

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II

L’abolition du travail forcé en Afrique noire et au Cameroun :

loi Houphouët-Boigny du 11 avril 1946

Le 25 septembre 1926, la Société des Nations avait adopté une convention préconisant notamment la répression de l'esclavage. Cette convention faisait référence au travail forcé, sans le condamner vraiment car, selon l’administration coloniale, il pouvait "être exigé pour des fins publiques".

En 1930, le Bureau International du Travail avait adopté une seconde convention visant à supprimer le travail forcé "sous toutes ses formes dans le plus bref délais possible".

En 1946 les Nations unies avaient proclamé, dans l'article IV de la Déclaration universelle des droits de l'homme, que "nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes".

Les différentes abolitions de l'esclavage n’ont été que des étapes dans l'interdiction de considérer un homme comme une marchandise ou un outil, à titre provisoire ou définitif. Le couronnement du processus a été l'interdiction du travail forcé.

Pratiquement, la principale différence entre le travail forcé et l’esclavage était que le travail forcé était limité dans le temps. Cette limitation peut être considérée comme un progrès, s'il est possible de s'exprimer ainsi à propos de deux abominations.

Le travail forcé a constitué un véritable malheur pour les colonisés, y compris les Camerounais. Il a abouti à une destruction aveugle et systématique de leurs sociétés et s’est traduit également

par une effroyable mortalité bien supérieure à celle de l’esclavage en Afrique noire.

La loi française sur l’interdiction du travail forcé dans les colonies d’Afrique, n’a pas été initiée par un Français. Elle est le fruit d’un patriote africain, planteur ivoirien, élu député en octobre 1945, Félix Houphouët-Boigny. Il en fut l'initiateur et le rapporteur.

En voici l’économie :

« Loi N° 46-645 du 11 avril 1946 tendant à la suppression du travail forcé dans les territoires d’outre-mer.

L’Assemblée nationale constituante a adopté,

Le Président du Gouvernement provisoire de la République promulgue la loi dont la teneur suit :

Art. 1er. Le travail forcé ou obligatoire est interdit de façon absolue dans les territoires d’outre-mer.

Art. 2. Tous moyens et procédés de contrainte directe ou indirecte aux fins d’embaucher ou de maintenir sur les lieux du travail un individu non consentant feront l’objet d’un texte répressif prévoyant des sanctions correctionnelles.

Art. 3. La présente loi abolit tout décret et règlement antérieur sur la réquisition de la main d’œuvre, à quelque titre que ce soit.

La présente loi, délibérée et adoptée par l’Assemblée nationale constituante, sera exécutée comme loi de l’État.

Fait à Paris, le 11 avril 1946, Félix Gouin

Par le Président du Gouvernement provisoire de la République Le ministre de la France d’outre-mer

Marius Moutet

Le garde des sceaux, ministre de la justice,

Pierre-Henri Teitgen (19)

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XII

18-19 décembre 1956 : déclenchement de la guerre de libération nationale.

Voici que les patriotes camerounais sont privés de politique, alors que des élections capitales pour le destin du Cameroun se préparent. Il s’agit du scrutin du mois de décembre 1956, fixé finalement au 23 après plusieurs modifications de date, et qui allait donner naissance au pouvoir législatif au Cameroun, après avoir débattu du futur statut du Cameroun, à savoir, une sorte de pré constitution nationale. Que les patriotes camerounais ne soient pas associés à ce tournant décisif de la vie de la nation, et, qui plus est, une de leurs victoires, fut une chose inacceptable pour eux. Après plusieurs atermoiements, finalement, le Ministère de la France d’Outre-Mer n’a pas abrogé le

décret d’interdiction de l’UPC, tout comme mis fin à la persécution dont venaient d’être victimes les upécistes à l’issue des massacres du mois de mai 1955. Tout ce qui lui a été concédé, a été la participation de ses candidats à ce scrutin sous d’autres bannières. Dans la nuit du 18 au 19 décembre 1956, l’UPC, à l’instar du FLN en Indochine, le 19 décembre 1946, du FLN en Algérie le 1er novembre 1954 en Algérie, a déclenché la guerre de libération nationale.

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XIII

Février 1957 : indépendance du Cameroun selon le « groupe des huit »

Pendant que se livre la guerre de libération nationale, se forme au sein de l’assemblée élue le 23 décembre 1956, des groupes parlementaires. L’un d’eux, du nom de « Groupe des huit », composé de Assale Charles, Bétoté Akwa, Behlé Gaston, Dissaké Hans, Ekwabi Ewané, Ntonga Aloys, Obam Ella, Paul Soppo Priso, tente de trans-former l’Assemblée en constituante, et de proclamer l’indépendance du Cameroun, séance tenante, soit au mois de février 1957. Mais, ils sont combattus, d’une part par le Ministère de la France d’Outre-Mer, d’autre part, par les autres groupes par-lementaires, à savoir, l’Union Camerounaise, dirigé par Jules Ninine, député du Nord, les Démocrates Camerounais, dirigés par André-Marie Mbida, les Paysans Indépendants, dirigés par Njiné Michel. Le « Groupe des huit » quant à lui était dirigé par Charles Assale.

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XIV 16 avril 1957 : adoption du statut du Cameroun

Après l’échec de la tentative de proclamation de l’indépendance par le « Groupe des huit », l’ATCAM élue le 23 décembre 1956 a finalement adopté un statut pour le Cameroun, en apportant soixante (60) amendements au projet déposé par le gouvernement français. Celui-ci est promulgué par décret du gouvernement français signé le 16 avril 1957. Ce décret donne ainsi naissance à la citoyenneté camerounaise tout comme à l’Etat du Cameroun. Puis, le 10 mai 1957, l’ATCAM, Assemblée Territoriale du Cameroun, est transformée en ALCAM, Assemblée législative du Cameroun. En même temps, le 10 mai devient la première fête nationale du Cameroun.

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Introduction

– 13 décembre 1948 : accord de Tutelle

– L’abolition du travail forcé

– 10 avril 1948 : création de l’UPC

– Adoption du programme de l’UPC

– 1ère intervention d’Um Nyobè à ONU

– L’avènement de Roland Pré

– La Proclamation commune

– La levée du drapeau camerounais

– Mai 1955 : Massacre des populations

– Dissolution de l’UPC

– 1956 : l’indépendance selon l’UPC

– 1956 : déclenchement de la guerre de libération nationale

– Février 1957 : l’indépendance selon le « Groupe des Huit »

– Avril 1957 : Adoption du statut du Cameroun

– Mai 1957 : formation du 1er gouvernement camerounais

– Octobre 1957 : adoption de l’hymne nationale et du drapeau

– 1968 : indépendance selon Mbida

– 1er janvier 1959 : indépendance selon Tsala Mekongo du PDC

– 1er janvier 1960 : indépendance selon l’ALCAM et Paris

Le livre est disponible sur ce lien  

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