Media et Autocratie: Un guide de survie pour les Africains ordinaires
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La programmation de « Le Grand Débat » le 17/01/18 sur Africa numéro 1 avec en invités Julie Owono, Patrice Nganang et Serge Zebe Atega, http://www.africa1.com/spip.php?article84229, a constitué une expérience très édifiante sur les moyens de communication du régime de Yaoundé. Cet épisode est similaire à un précédent débat sur le même sujet le 28 mars 2017 avec Joël Didier Engo, Président du Comité de libération des prisonniers politiques du Cameroun (CL2P), Paul-Éric Emery, Membre du RDPC (Rassemblement du peuple camerounais , parti présidentiel), et Archippe Yepmou, Président de l’ONG Internet sans frontières  http://www.africa1.com/spip.php?article76914. Voici le guide de survie imaginé par CL2P à l’issue de ce programme afin que nous puissions survivre à l’assaut constant de la démagogie dans les régimes autocratique:

Règle n ° 1 Pas besoin de déni ou de cynisme: Croyez aux éléments de langage de l’autocrate et de ses sbires
En effet, le spécialiste des médias Masha Gessen, qui a vécu dans les autocraties, la plus grande partie de sa vie, et a raconté l’accession au pouvoir de Poutine, de démocrate à autocrate, et a donc passé une grande partie de sa carrière à écrire sur la Russie de Vladimir Poutine a plus d’une sagesse sur comment garder sa santé mentale et le respect de soi dans les régimes autocratiques. Dans ce but, Gessen nous apprend que les médias dans les régimes autocratiques ne sont pas utilisés pour débattre des politiques ou pour atteindre une forme universelle de vérité, mais pour que les serviteurs du régime autocratique privatisent la liberté de parole pour créer et imposer leur version de la réalité, pendant qu’ils dégradent la nôtre. En effet Gessen affirme que dans les médias autocratiques, distinguer la vérité du mensonge est sans importance. Ce qui compte pour l’autocrate et ses serviteurs, c’est l’argent, le pouvoir, l’ego et la violence.

Et, nous ferions mieux de croire l’autocrate et ses serviteurs et ce qu’ils disent! Par exemple, quand ils disent que nos frères et sœurs anglophones sont des « Nigérians » et des « immigres illégaux ». Nous devons les croire. Quand ils légitiment l’utilisation des machines de guerre privatisées et tribalisées pour résoudre le soulèvement des anglophones, il faut les croire. Parce qu’ils gouvernent par des gestes et des intimidations, non par le consensus démocratique!
Ce qui s’est passé ce soir là à l’émission Le Grand débat d’Africa n’était pas un débat, ce que M. Nganang a d’aillleurs rapidement fait remarquer dès le début, mais la normalisation d’une INACCEPTABLE 
APOLOGIE DE LA HAINE ET DU NETTOYAGE ETHNIQUE D’UN PARTISAN DU RÉGIME BIYA SUR LES ANTENNES D’AFRICA NUMÉRO 1 À PARIS
http://www.africa1.com/spip.php?article84229

À ce sujet, Joel Didier Engo, president du CL2P et observateur plus qu’averti de la manipulation mediatique dans les regimes autocratique ajoute que:
“Le peu que j’ai pu suivre de ce débat m’a encore plus convaincu de l’urgence d’une véritable campagne internationale sur les risques de génocide au Cameroun anglophone, voire au-delà. Car lorsqu’un représentant du parti au pouvoir, sans la moindre gêne et sur les ondes d’une radio de grande écoute parisienne, reprend le délire ethniciste de l’écrivain Dieudonné Enoh en déniant toute nationalité et citoyenneté camerounaise à des compatriotes qui ont le seul tort de se dresser contre leur marginalisation institutionnalisée…cela veut clairement dire que les thèses génocidaires sont devenues l’idéologie dominante des partisans du régime en place et de leurs suppôts.”
“Il faut le répéter sans cesse, afin que personne ne dise pas demain qu’il ne savait pas, et surtout bien conserver toutes ces déclarations.”
En effet, les dirigeants politiques emploient un large éventail de tactiques et d’artifices pour unir les gens, y compris pour leur trouver un ennemi commun. Paul Biya et ses sbires sont d’excellents exemples de l’utilisation de l’approche de la diabolisation des anglophones pour renforcer leur soutien interne et légitimer l’état d’urgence pour écraser toute forme de dissidence démocratique et vous feriez mieux de le croire!

Règle n ° 2 Ne soyez pas pris ou abusé par de petits signes de normalité.
En effet, les gens qui croient que l’élection de 2018 résoudra tous les problèmes au Cameroun sont près pour une grande surprise. Sauf que les singes n’apprennent pas de nouveaux tours quand ils atteignent 35 ans, par conséquent, personne ne devrait être assez naïf pour sous-estimer les préjugés idéologiques enracinés de l’ordre établi à Yaoundé qui a empoisonné toute plausibilité d’émergence de tout héroïsme politique et nous oblige à penser pour nous-mêmes. Au,ssi si il y a une partie de vous qui a toujours l’espoir que, malgré toutes ses tendances autocratiques, le régime de Biya reviendra à une sorte de normalité politique, vous avez tout à fait tort.
Cela doit constamment être répété, notamment afin que personne ne dise demain qu’il ne savait pas, et surtout bien garder toutes ces déclarations et écrits. En réalité les gens qui n’écoutent pas l’autocrate et ses serviteurs le font au détriment de leur propre vie. En effet, le régime du Biya a une longue liste de partisans cyniques et pervers masochistes, adeptes du statu quo, qui se présentent souvent comme des « révolutionnaires  » ou  » des intellectuels au-dessus de la mêlée » mais sont en fait des idéologues et des idiots utiles de ces Régimes africains qu’ils adorent et plébiscitent régulièrement, tout en essayant quotidiennement de faire de leur mieux pour banaliser les débats nécessaires longtemps attendus et tous les problèmes auxquels ces pays sont confrontés.

Règle n ° 3 Les institutions ne vous sauveront pas
Dans les régimes autocratiques, les libertés sont toujours en danger constant. Ainsi, lorsque le gouvernement autocratique de Yaoundé a unilatéralement fermé Internet dans les régions anglophones au motif que les anglophones « ne se soucient pas d’internet », il faut biensûr le croire. Même si Julie Owono soutient que la décision de fermer Internet appartient au système judiciaire, nous devons comprendre que les institutions soi-disant indépendantes ne fonctionnent pas dans des États autocratiques. Le CL2P est plus conscient de cela que les gens ordinaires sur le continent avec sa lutte quotidienne contre le despotisme légal encore répandu en Afrique.

À ce titre, Joël Didier Engo, président du CL2P, écrit que
«Le drame dans ce pays c’est de voir qu’une justice aux ordres peut ainsi infliger toutes les peines les plus surréalistes à des innocents, sachant précisément que cela ne suscitera aucun émoi, aucune indignation, y compris des professionnels du droit, encore moins des supposés acteurs politiques et de la société civile…
Il faudra pourtant un véritable devoir de mémoire pour restaurer l’état de droit dans ce pays.
Car quand des magistrats (je suppose bien formés ) peuvent délibérément condamner des accusés sur des motifs aussi débiles que la «complicité intellectuelle de détournement de deniers publics » ou la  “tentative d’escroquerie par voie de publication informatique»…cela veut dire que l’en-sauvagement est généralisé et ne s’encombre même plus avec la science juridique.”
Et Michel Biem Tong de Hurinews de condamner encore une fois de plus, la collusion entre l’État RDPciste et les reseaux ethnofasciste dans les media au Cameroun dont Jean Pierre Amougou Belinga (PDG du Groupe L’Anecdote) et Laurent Esso, l’inamovible baron du regime Biya et ministre de la justice, ce qui lui donne le pouvoir de faire condamner des innocents. Encore, une fois la privatisation des institutions au Cameroun ne sauve pas le peuple et Biem Tong de conclure à l’adresse du geôlier Amougou Belinga: “mais tu n’as pas le temps de Dieu car quand ce temps va sonner, bonjour les dégâts.”

Règle n ° 4: indigné Vous! Si vous suivez la Règle n ° 1 et croyez ce que dit l’autocrate élu, vous ne serez pas surpris. Mais face à l’impulsion de normalisation, il est essentiel de maintenir sa capacité de choc. Cela amènera les gens à vous appeler déraisonnable et hystérique, et à vous accuser de réagir de façon excessive. Ce n’est pas drôle d’être la seule personne hystérique dans la pièce. Préparez vous!
De plus, le CL2P est constamment attaqué sur des allégations infondées et calomnieuses telles que « un petit groupe de charlatans”, “ bande de vendus » ou « idiots utiles » manipulés par une cabale de politiciens corrompus et avides de pouvoir. La réalité est que le CL2P est une organisation de défense des droits humains d’une authenticité irréprochable et que le CL2P ne recule devant rien pour la lutte pour la justice en Afrique.

Règle n ° 5: Ne faites pas de compromis

Dr Nganang comprend que le régime de Biya doit partir. Ceux qui veulent «coopérer» avec le régime de Biya ignorent volontairement la touche corruptrice de l’autocratie, dont l’avenir doit être protégé.
Règle n ° 6: Souvenez-vous du futur. Rien ne dure éternellement. Le système autoritaire de Biya survivra-t-il après son départ? Pour sûr, Paul Biya ne le fera certainement pas malgré la célébration non-stop de son immortalité obscène. Les régimes autoritaires tombent tout le temps et le changement est toujours possible. Mais il n’y a aucune garantie que les choses vont changer pour le mieux. Donc, ne pas imaginer le futur est à nos risques et périls.

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