Can 2019 : La « presse privée » refoulée
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A la veille de la visite d’inspection des chantiers d’infrastructures devant accueillir la Coupe d’Afrique des nations 2019, le ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary et le ministre des Sports et de l’Education physique, Bidoung Mpkatt, ont appelé, en choeur, la presse nationale à « l’union sacrée » derrière la candidature du Cameroun. Cela supposait des reportages sobres, honnêtes et sans polémiques stériles. Comme dans tout contrat moral, on préjugeait alors que les deux parties agiraient de bonne foi.

Mais quelle n’a pas été notre surprise au cours de l’inspection des sites par le cabinet Roland Berger et les émissaires de la Confédération africaine de football (Caf) ? Alors que les journalistes, cameramen et photographes des médias publics et étrangers étaient admis dans les enceintes sportives en construction, notamment à Olembé et Japoma, ceux des médias privés étaient refoulés comme des malpropres. Les faucons de circonstances, qui semblaient avoir reçu des consignes strictes, n’ont pas cillé, malgré l’insistance des journalistes.

Et voilà le « gentlemen agreement » entre le gouvernement et la presse (privée) rompu ! Depuis ces incidents, ni le ministre de la Communication, ni le ministre des Sports n’ont daigné adresser des excuses à ces femmes et hommes de médias, qui ont été traités comme des pestiférés, alors qu’ils ne demandaient qu’à rechercher l’information destinée au public. Ce silence arrogant et condescendant n’était pas de mise lorsque les foudres d’Ahmad Ahmad s’abattaient sur le Cameroun, amenant les autorités à saluer le front médiatique qui s’était alors constitué, sans manichéisme, pour dénoncer les excès de langage et les jugements prématurés du Malgache.

Motus et bouche cousue au ministère des Sports. Black-out au ministère de la Communication. On attend certainement la prochaine visite d’inspection de la Caf pour dispenser à nouveau à la presse « privée », corvéable à souhait, des leçons de patriotisme. Comment comprendre ces crises d’amnésie du gouvernement relativement à cette presse qu’il qualifie, généralement avec dédain, de « privée » ?

Lorsqu’il faut désamorcer la bombe anglophone,  on fait le tour des rédactions pour mobiliser et sensibiliser. Lorsqu’il faut faire face à Boko Haram, l’hymne à la responsabilité et au patriotisme est entonné. Oubliant (ou feignant d’oublier) que cette presse, privée de subvention consistante, a souvent su faire front lorsque la nature de la cause l’exige, confère le conflit de Bakassi entre le Cameroun et le Nigeria. Une autre question, qui est loin d’être anecdotique : pourquoi interdire à la presse « privée » d’accéder aux chantiers d’Olembe et de Japoma ?

Sans doute parce que le taux d’exécution seriné ces derniers temps, pour l’une et l’autre infrastructure, est erroné. Entre la propagande officielle et la réalité du terrain, les journalistes devaient certainement faire la part des choses. Hantise ! A l’analyse, les actes de malséance querellés ne sont que des coups de pied en l’air. Ce n’est que partie remise. Lorsque la Caf communiquera sur les conclusions de cette première visite d’inspection, de quelles armes disposeront encore le gouvernement et ses gros bras pour empêcher les journalistes d’y accéder ? Traduction : le jeu de cache-cache a un début et une fin.

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