Cameroun, Don ordinateurs Paul Biya: Dr Hilaire Kamga «Cette opération est une véritable arnaque»
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Cameroun, Don ordinateurs Paul Biya: Dr Hilaire Kamga «Cette opération est une véritable arnaque» :: CAMEROON

Le secrétaire permanent de la Plate-forme de la société civile pour la démocratie au Cameroun est convaincu de ce que sur le plan économique, le gouvernement a structuré une nouvelle dynamique de prévarication soft de l’argent du contribuable.

Comment avez-vous accueilli la nouvelle des premiers ordinateurs, en don du chef de l’Etat aux étudiants camerounais ?

Il est évident que nous attendions cet évènement en cette période dès lors qu’il semblait évident que le véritable objectif de ce « don présidentiel » était électoraliste. Mais j’avais naïvement imaginé que, pour une fois, le régime de Yaoundé, avec tous les milliards engloutis indécemment livrerait aux étudiants des vrais ordinateurs et non des gadgets surévalués. Au delà du constat de filouterie grossière, j’ai été frappé par la cacophonie plurielle qui a animé la démarche gouvernementale au moment de la présentation de ce jouet à l’opinion : cacophonie sur le donateur (don présidentiel ou de M. Biya Paul ?), cacophonie sur le prix, cacophonie sur les caractéristiques et enfin cacophonie sur le projet global et in fine, le label (PBhev) attribué à l’initiative. Mais en fait, pouvait-il en être autrement avec ce régime qui s’est inscrit dans une logique d’infantilisation de la jeunesse camerounaise, doublée à l’impératif de la prévarication à chaque occasion.

Une polémique est survenue après la sortie du Pr. Atsa sur la capacité de ces ordinateurs. Etes-vous convaincu comme l’opinion que le chef de Division des systèmes d’information au Minesup s’est trompé ?

Il ne s’agit pas seulement d’une simple polémique, mais bien de la mise en exergue de l’incapacité à tromper les Camerounais qui, désormais sont dans bien des domaines, plus outillés à démonter toute forme de supercherie. Ce qui est grave dans cette affaire, c’est le fait que même en se rendant compte du caractère spécieux de leur argumentaire et surtout de la grossièreté du mensonge, les plénipotentiaires gouvernementaux n’ont pas cru devoir faire leur mea culpa ; pire, ils ont continué à s’enfoncer dans l’absurde étalant au grand jour les failles de notre système éducatif qui, au demeurant, allie une masse d’intelligences camerounaises constituée de jeunes potentiellement brillants livrés à des formateurs qui, pour beaucoup sont guidés par autre chose que la science. Le ridicule a été atteint lorsque qu’un professeur affirme que 32Go=500Go, et s’entête à défendre « sa » bêtise.

Que dire des caractéristiques techniques de cette infrastructure PBHEV ?

Lorsque le pot-aux-roses a été découvert, même l’orientation de la communication gouvernementale est restée dans l’exposition du ridicule. En effet, sur les plateaux de télévision, l’on a vu ces responsables ministériels essayer de nous faire comprendre que ces ordinateurs bien que n’ayant que 32Go étaient dotés de sorties USB permettant de les connecter à des disques durs externes de 500Go (comme si les sorties externes n’existaient même pas dans les simples tablettes) : quelle grossièreté ! Cette infrastructure PBhev est en définitive un notebook aussi banal que ceux vendus sur nos marchés à 50.000 Fcfa

Cette opération, apprend-on, a coûté 75 milliards Fcfa, dont 100 000 Fcfa pour une unité d’ordinateur, exemptée des coûts d’usage des marques commerciales, des taxes et droits divers, etc.…Peut-on accorder du crédit à cette opération, au regard des plaintes qui émergent déjà sur la capacité de ces ordinateurs ?

NON, aucun crédit. C’est une véritable arnaque. Vous ne pouvez pas livrer des appareils aux étudiants, et lorsque les gars découvrent la faible fonctionnalité, vous revenez dans les medias donner des consignes d’utilisation, et ce dans le but de faire croire que s’il y a déficit fonctionnel, c’est la faute des étudiants qui auraient éventuellement commencé à utiliser leur appareil sans suivre les « consignes » données à postériori. En vérité ce projet d’ordinateur avait à l’analyse empirique deux objectifs dont l’un politique et l’autre économique. Au niveau politique, cela devait constituer, dans l’hypothèse de la validité du postulat de la manipulabilité de l’étudiant camerounais, à lancer la campagne du parti au pouvoir et donc de M. Biya Paul. Sur le plan économique, il fallait une occasion supplémentaire pour structurer une nouvelle dynamique de prévarication soft de notre argent.

Vous avez révélé avoir fait une proposition au Minesup dans ce sens. Laquelle aurait été détournée. De quoi s’agit-il ?

Non, je n’ai jamais fait de proposition au Minesup dans ce sens. Mais j’ai monté en 2000 un programme plus ambitieux que celui-là, dénommé Baonet (Internet pour tous les meilleurs du secondaire à l’Université) et le président Biya a accepté de le parrainer. J’avais à cette occasion, mobilisé les premiers accords de financement et le président Biya sollicité a instruit le ministre Jacques Fame Ndongo, alors ministre de la Communication, de le représenter dans le processus. Le ministre Fame Ndongo a très bien fait le job pour toute la phase pilote. Mais pour la phase de mise en œuvre, la mafia de la Présidence de la République a détourné le programme, ce n’est que quelques mois après que je l’ai découvert, lorsque M. Biya allait inaugurer les « centres multimédias » du Lycée Leclerc et du Lycée Bilingue d’Essos que j’ai compris que le projet avait été détourné et que l’on grevait le budget de l’Etat de plus de 07 fois ce que le projet Baonet exigeait et qui devait être donné par les bailleurs de fonds avec qui nous étions en négociation parmi lesquels le gouvernement américain.

Au-delà du geste du chef de l’Etat, y a-t-il lieu de voir des velléités électoralistes en rapport avec le scrutin présidentiel de cette année ? Quelle est votre lecture ?

Bien entendu comme je l’ai indiqué plus haut, la visée électoraliste apparait comme le premier objectif. Mais au regard du fiasco de l’opération, cela est plutôt raté. Et le régime de M. Biya Paul doit savoir que la Jeunesse camerounaise est désormais très avisée et ne pourra plus se laisser manipuler.

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